Remarques préliminaires
On entend souvent parler de la “volonté du corps” pour signifier une partie de notre esprit proche de systèmes fondamentaux et loin de notre volonté. Cette partie de notre esprit, je la situe certe loin de la volonté, mais quand même dans le cerveau.
À quoi sert un cerveau
Au final, si nous avons un cerveau, c’est pour orienter notre corps vers de “bons” choix. Ainsi nous allons vers la cuisine pour manger plutôt que d’attendre que la nourriture arrive à nous comme le ferait une anémone de mer. Pour arriver à cette performance extraordinaire de prévoir le futur et de connaître ce dont nos sens ne nous informe pas, nous devons avoir tout un système de représentation de notre univers et tout un système de prise de décision.
La prise de décision
Le rôle des émotions
Prendre une décision en fonction d’une multitude de paramètres n’est pas une chose facile. Par exemple si vous êtes en croisière sur un bateau vous êtes conscient de nombreux paramètres allant de la vitesse du vent jusqu’à la réserve de nourriture. Un seul paramètre peut prendre la suprématie sur tous les autres: par exemple si vous savez qu’un paquebot se dirige vers vous il faut prendre en compte cette information en priorité. Mais comment décider du poids de l’importance de chaque information ? C’est là que rentre en jeu l’émotion, elle donne une intensité et un type d’émotion à chaque information. C’est pourquoi nos décisions sont prises au final par nos émotions.
Brimer ses émotions
On pourrait croire que le rôle des émotions décrit ci-dessus est en contradiction avec l’image de la personne non émotive, intellectuelle, qui prend ses décisions sans émotion apparentes. Pour mieux comprendre le fonctionnement de ces personnes regardons leur histoire. On peut constater qu’elles sont élevées elles-même dans le mépris des émotions. Mais le mépris est lui-même une émotion! Par exemple un parent pourra dire à une enfant montrant une émotion de peur: “Tu mets ta peur dans une petite boîte et tu la jettes.”. Ainsi l’adulte soit disant non émotif est construit à partir d’un enfant émotif à qui on a enseigné à mépriser et cacher ses émotions. Pour arriver à cette folle performance, l’esprit de l’enfant sera obligé de contrecarrer les émotions en utilisant la haine de ses émotions et la peur des réactions provoquées par l’expression de ses émotions. On voit donc qu’une personne cachant profondément ses émotions est très très probablement une personne émotive tournant des émotions négatives contre elle-même.
Et la raison ?
La raison n’est pas un mécanisme fondamentale de notre esprit, c’est une fonction qui s’acquiert petit à petit par expérience. Ainsi un petit enfant a une logique très floue et pourra dire par exemple “Encore heureux que je n’aime pas les épinards, parce que si je les aimais alors j’en mangerais!”. L’expérience qu’il fait sur la raison dépend de son milieu, ainsi si sa culture environnante comporte beaucoup de mensonges et autres déraisons alors il aura du mal à développer sa raison par imitation car il vivra dans un environnement avec des idées souvent contradictoires.
Exemple: Un enfant monte à un arbre. Le parent dit “Tu vas tomber”. L’enfant s’aperçoit plus tard qu’il ne tombe pas en montant à l’arbre. En fait le parent voulait dire “J’ai peur que tu tombes, arrête.”. Par imitation, l’enfant utilisera un langage déformé par rapport à ses pensées. Or le langage est un outils fondamentale du raisonnement.
La raison et la société
La raison est bien vue, par exemple on dit “j’ai raison”. Comme toute chose bien vue, les dominants s’attribuent cette vertu. Ainsi nos dirigeant font tout pour se parer des atours de la raison même dans leurs plus profonds délires. Comme nous sommes très soumis à notre système culturel, nous ne remettons presque pas en cause la définition notre vision de la raison et de “l’homme de raison”. Il en résulte que beaucoup de personnes rejetant la trop grande hiérarchie de notre société (par ex. dans le mouvement alternatif) rejettent aussi la raison! Cela est dû à la croyance que la raison et “le réel” est le mode de fonctionnement de nos dirigeants alors que ce n’est qu’une apparence en vue d’une domination idéologique.