Category Archives: psycho/sociologie

L’humanité n’est pas finie

Quand on s’informe plus avant sur l’état du monde (voir par exemple la passionnante série de conférences de scientifiques “Comprendre et Agir“) on peut avoir l’impression que l’on est au bord du désastre car à partir d’environ +1,5° on peut déclencher un effet d’emballement par le dégel du permafrost et la libération de méthane, ou encore la transformation des forêts en émetteurs de carbone (Amazonie, Sibérie etc). D’autre part la réaction de la société humaine est ridiculement faible face au problème. Je prétend que l’humanité n’est pas finie et qu’il existe une solution pour démarrer une réaction à la mesure de l’enjeu. Mais pour comprendre en quoi la solution que je propose ici est efficace il nous faut d’abord prendre un peu de hauteur…

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Petit exercice de démocratie : et si les états chutaient ?

De l’écroulement à la crise

Imaginons que pour une raison quelconque il n’y ait plus d’État. Cela peut sembler une hypothèse absurde mais on peut imaginer divers scénarios menant à cela comme :

Il n’y a alors plus de police ou d’armée et la distribution de nourriture est interrompue. Le risque de famine et simplement la faim engendre un grand stress dans la population, ajouté à l’absence de forces de l’ordre on peut vite tomber dans le pillage. Ce scénario est pessimiste si des secours sont attendus (d’un autre pays par exemple) car alors les personnes s’investissent dans cette solution, mais il ne l’est pas si l’espoir de retrouver la société d’avant est éteint. Continue reading Petit exercice de démocratie : et si les états chutaient ?

De la violence familiale au terrorisme

violence_verbale

Vous vous êtes déjà casser les dents sur la violence, mais je met ma main à couper que vous allez découvrir ici des idées intéressantes sur ce bien sombre sujet.

Dévoiler la violence

La première chose quand on veut commettre des violences répétées est de dénier le caractère violent des agissements. C’est pourquoi nous n’allons pas utiliser la définition commune de la violence qui est très tournée vers les violences légalement interdites (les violences physiques entre sujets). Nous allons donc déjà réfléchir à ce qu’est la violence.

Qu’est-ce que la violence ?

Il est important de ne pas se déconnecter de nos émotions, la notion de violence est très émotionnelle, c’est en se référent à ce sentiment que je trouve la définition suivante:
La violence est une action injuste causant des dommages envers un être.

Le mot “injuste” est important, car par exemple le vieillissement n’est pas considéré comme une violence du fait qu’il est naturel. Le sentiment de justice est très important mais relatif : il dépend des règles morales et intimes qui nous paraissent bonnes, naturelles ou normales.

Comment commettre des violences impunément ?

Pour cela il faut contrôler la notion de ce qui parait juste. La violence peut causer des souffrances immédiates ou différées, cette souffrance fournie une énergie permettant d’agir pour éliminer la cause du problème. Pour que la personne violentée ne retourne pas son énergie contre la cause de l’agression il faut déformer suffisamment la perception de la réalité. Pour illustrer cette mécaniques diabolique nous allons prendre un exemple concret et répété.

Exemple de l’enfant mis à la crèche

La grande majorité des parents se sont retrouvés dans la situation de mettre pour la première fois son enfant à la crèche ou à l’école. Très souvent la mère a une boule au ventre et se sent mal, si de plus l’enfant n’est pas trop jeune pour comprendre il se met alors à produire des cris déchirants. La situation est particulièrement douloureuse pour les deux êtres. Pour que cette situation ne soit pas vécu comme violente par les parents tout un arsenal idéologique est nécessaire :

  • L’humain au naturel n’est pas bien, la société l’élève au dessus de l’animal qu’il est par défaut. Il en découle que les émotions doivent être maîtrisées et cachées, qu’il faut souvent les renier au profit de règles civilisées.
  • La mère a une tendance naturelle de fusion avec son enfant ce qui est mauvais pour l’enfant, il faut qu’elle accepte de couper le cordon pour rendre son enfant autonome et sociable.
  • Les professionnels de l’enfance travaillent pour le bien des enfants avec une efficacité héritée de la science moderne.

C’est pour ton bien

La violence à l’échelle sociale peut être soutenue par une idéologie mise en place de longue date, mais les violences au quotidien ont aussi leur forme de soutient idéologiques, dont le fameux “c’est pour ton bien”.

Alice Miller a beaucoup écrit au sujet de la violence éducative ordinaire, on pourra lire par exemple le livre “C’est pour ton bien”.

La violence dans les entreprises

Imaginons une personne travaillant 10 ans dans une entreprise qui du jour au lendemain est renvoyée. Si la personne trouve normale qu’elle soit traitée comme un objet alors elle subira une douleur mais ne se sentira pas violenté. Le sentiment de violence vient souvent du fait qu’il nous parait normal d’être partie prenante d’une activité de groupe. Hors les entreprises (non libérées) sont des activités de groupes ou les personnes n’ont pas le droit à être impliquées dans les décisions globales.

La violence interne d’État

Une personne touchant les allocations chômage peut se voir privée de revenu sur une simple lettre non reçue ou encore une erreur des services de l’état. C’est une violence très forte puisque la personne peut se retrouver sans ressources ce qui crée en général de gros dommages. Cette violence est soutenue par une idéologie plaçant le chômeur comme un être très bas dans l’échelle sociale et n’ayant donc pas de droit moral à revendiquer une justice.

La violence externe d’État

Les états soutiennent aisément les dictateurs, que ce soit en reconnaissant le pouvoir en place, en commerçant avec ces états ou en fournissant des armes et autres moyens (directement ou par des pays tiers). Une société réellement libre peut affirmer ses valeurs et choisir ses partenaires en fonctions de ses valeurs, elle peut aussi chercher à libérer les peuples opprimés par des moyens non violents (diffusion d’informations, aide à l’organisation, prélever des taxes sur les échanges commerciaux pour ces pays, taxes qui seront reversées quand il deviendra démocratique etc).

La violence entre cultures

La culture et la religion fournissent des ensembles de valeurs et coutumes qui permettent de créer des relations profitables entre les personnes du groupe. Ces systèmes sont vitaux pour un peuple, c’est pourquoi ils sont défendus avec force. Notre culture occidentale domine le monde et nous n’avons pas beaucoup besoin de nous défendre, de plus elle est assez souple pour intégrer des comportements divers. On peut seulement voir en interne la motivation à défendre notre culture par les citoyens se sentant menacés par les pratiques culturelles étrangères (voile islamique ou mosquées par exemple, et par le passé avec la culture juive).

La culture occidentale est dominée par les États-Unis, qui par la communication (marketing, films), leurs entreprises et leurs interventionnisme militaire affichent ouvertement le désir de suprématie mondiale. D’ailleurs le président états-uniens affirment explicitement le désir de voir les USA diriger le monde.

L’attaque de l’Irak a marqué une étape supplémentaire dans l’attitude dominatrice et face à cela la culture arabe se défend en contre attaquant la culture occidentales avec les moyens du bord (terrorisme). Afin de dénier la violence faite à la culture arabe l’occident nie l’importance du respect des cultures ou s’invente des menaces fantômes (armes de destruction massive en Irak).

Pourquoi la violence ?

La violence externe

La violence externe, entre individus ou groupes, est une forme primitive de sélection permettant d’éliminer les plus faibles. Par exemple le lion attrapera plus facilement les proies malades et ainsi favorisera l’élimination des maladies ou des gênes les moins efficaces. Cette violence parait insupportable pour l’espèce humaine car elle est inefficace par rapport à nos propres systèmes de sélection : par exemple la concurrence commerciale peut remplacer les guerres, ou encore la femme peut choisir son homme sur des critères plus riches que la seule capacité et casser la gueule à ses adversaires.

Nous avons toujours besoin de sélectionner les choses les meilleurs, c’est la base même de toute évolution. Ce qui nous parait violent c’est d’utiliser un système de sélection primitif et destructeur par rapport à la société dans laquelle nous vivons.

La violence interne

Une violence minimisée

Cette violence est souvent affreusement minimisée, par exemple:

  • le nombre de suicides est d’environ 10 000 par an en France soit bien plus que les accidents de la route et énormément plus que les morts par terrorisme. Pourtant les médias n’en parlent pratiquement jamais.
  • L’excès de sel que l’industrie agro-alimentaire incorpore dans les aliments cause énormément de morts mais encore une fois cela n’a presque aucune importance dans les média de masse.
  • Environ 140 femmes par ans sont tuées par leur conjoint en France.

Si on regarde le traitement médiatique de la violence, on peut noter que l’externalité de la violence est un critère primordial (la soudaineté l’est aussi).

Pourquoi cette violence est minimisée ?

La raison est que la violence interne implique des actions demandant des changements, alors que la violence externe concentre les ressources vers l’extérieur et donc distrait l’attention portées sur les problèmes internes. C’est pourquoi tous les pouvoirs (politiques, médiatiques, économiques etc) sont largement motivés pour mettre la violence externe en exergue.

Quel est la fonction de la violence interne ?

La violence interne n’est pas une violence de sélection mais de contrôle. Par exemple un parent va violenter un enfant (claques, menaces d’abandon, moqueries, ignorance etc) non pas pour exercer une sélection parmi ses enfants mais pour le dresser à un certain comportement ou attitude psychologique (dire merci, attitude de soumission etc). C’est la même chose socialement : l’État maltraite les chômeurs pour leur signifier qu’ils sont d’un rang inférieur et qu’ainsi ils n’ont pas le droit moral de se révolter.

Comment échapper à la violence interne ?

Pour sortir des systèmes de contrôles violents il nous faut d’abord comprendre leurs fonctions et avoir une vision globale du système dans lequel nous vivons. Cette connaissance ne s’acquiert pas de la même manière que les connaissances dans les sciences de la matière car la difficulté principale est de sortir de ses propres emprisonnements. Une prison culturelle touche à nos émotions les plus intimes et aux relations avec les personnes les plus proches et au plus tôt de notre vie (éloignement du bébé dans un berceau dès la naissance etc). Cette prison forge notre personne depuis si petit qu’il est difficile de comprendre à quel point la liberté est puissante, bénéfique et apaisante.

Pour aller plus loin voici quelques références, en commençant par les plus faciles.

  • Absolument débordée : roman comique (très marrant!) sur le conditionnement et l’enfermement psychologique.
  • liberté et Cie : Sur des entreprises ne fonctionnant pas sur le principe de violence (les personnes ne sont pas considérées comme des objets).
  • Être et Devenir : documentaire sur une forme non violente d’instruction des enfants
  • Le monde jusqu’à hier : livre sur le mode de vie humain à la base de l’humanité, avec une réflexion sur son évolution vers nos sociétés.
  • C’est pour ton bien : sur le système de reproduction des violences familiales

Politique de caniveau : le pouvoir incompris des médias

Présentation

La France choisit ses politiciens par le spectacle de joutes oratoires dans les rings médiatiques. Comment alors espérer une politique qui ne se fasse pas aux gants de boxe ?
Nous allons ici démonter les rouages de cette mécanique infernale, voir qu’il suffit de quelques légers changements pour produire des décideurs politiques de bien meilleur niveau, et voir enfin pourquoi seul un mouvement populaire pourrait amener ces petits changements.

Pour commencer voici une vidéo d’Aequivox mettant en lumière les mécanismes psychologiques des débats politiques :

Cet affrontement est cousu de violence verbale. Pour réfléchir aux mécanismes en jeu imaginons pire : comment fonctionnerait le choix des politiciens …

… si la violence physique était autorisée

Imaginons la scène : un des deux politiciens tape du poing sur la table et déclare d’une voix forte “Vous ne dites que des âneries monsieur alors fermez là!”, l’autre répond “Je t’attends, quand tu veux!”, l’un se lève etc.

Pourrait-on voter pour le candidat qui s’est fait écrasé ?

Dans la mesure où l’on cherche un leader performant, il est très difficile de voter pour celui qui échoue. Nous nous retrouverions donc avec des élus baraqués et bagarreurs, qualités aux antipodes de ce qui est nécessaire pour diriger un pays.

Le choix des citoyens

Les citoyens sont coincés car ils doivent juger sur ce qu’on leur donne et en la matière les médias ont tout pouvoir. Le travail d’un dirigeant politique est principalement de faire des choix sociétaux complexes pour le bien commun, et c’est fort loin de ce sur quoi on les choisit : paraître dominant. On finit alors par se retrouver avec des personnes spécialisées en verbe haut.

Nous étions dans un régime où nous n’avions pas le choix des dirigeants, il était clair que pour que ce soit les citoyens qui choisissent il fallait qu’ils interviennent. Nous avons alors utilisé la forme la plus simple d’intervention : le vote. Mais nous votons sur la base des informations que nous avons et cela a une énorme influence. Si les médias donnaient une vue différente alors notre perception serait différente et les partis politiques s’adapteraient pour présenter les meilleurs candidats possibles suivant ces nouveaux critères.
Actuellement les partis politiques sont, pour espérer gagner, contraints de présenter des candidats adaptés à la vision médiatique. Pour cela ils calquent le système de sélection interne au système médiatique (discours et joutes). Nous avons donc, avant même de pouvoir voter, un choix limité à des champions de la sélection par les médias. Plus le système perdure et plus la concurrence pousse à abandonner des valeurs morales plus hautes au profit des critères de sélection. On se retrouve alors avec des personnes hyperspécialisées dans le domaine (Sarkozy, les Le Pen) et consacrant donc bien peu de ressource pour d’autres valeurs.

Imaginons que nous utilisions notre système de sélection des candidats et de vote pour les différents postes tels que chercheurs, juges, policiers, boulanger, PDG etc. Ne ressentez-vous pas comme un malaise, une impression que toute notre société sombrerait dans le n’importe quoi ? N’est-il pas temps de prendre en main les critères de sélection des politiciens, et donc les types d’informations diffusées sur ces personnes ?

À quoi s’intéressent les téléspectateurs ?

Les médias de masse ont comme premier objectif de faire de l’audimat. Hors un principe de base en pédagogie est de partir des motivations des personnes. Ces deux principes proches sont loin d’être négatifs en eux-même, c’est l’absence d’objectifs – ou pire des pervers – qui peuvent les rendre négatifs. On peut par exemple profiter de l’intérêt pour le stress pour stresser encore plus les personnes sans offrir d’outils de compréhension et de maîtrise, on diffuse alors en priorité les nouvelles dramatiques et des films durs  tout en censurant tout ce qui délivre du stress : films (comme « La Vague »), documentaires (comme « Chroniques de la violence ordinaire »), débats, théâtre forum ou encore téléréalité  (comme « Le Jeu de la mort ») sur la psycho-sociologie du stress. Pour couronner le tout les médias se prétendent neutres et suivant simplement l’audimat, l’appétit des puissances financières pour les médias étant occulté.

Les spectateurs aiment les émotions, les grands enjeux, le concret et la participation.

Notre culture élitiste nous poussent à rejeter ces intérêts vus comme vulgaires. Il serait trop long de détailler la fonction de cette vision culturelle, nous allons apporter ici quelques éléments incitant à penser que ces intérêts peuvent être positifs :

  • Les émotions : le livre “L’Erreur de Descartes” écrit par le neuroscientifique António Damásio montre que les émotions sont capitales dans notre pensée, même celle abstraite.
  • les grands enjeux : il est normal de s’occuper de ce qui est important en premier.
  • le concret : les abstractions n’ont d’intérêt que parce qu’elles débouchent sur des effets concrets. Il est normal de partir du concret comme intérêt de base, c’est en comprenant le fonctionnement du concret que l’on débouche sur des notions plus abstraites.
  • la participation : il est dans la nature humaine d’aimer l’action et de se sentir partie prenante.

Mais ces intérêts peuvent devenirs vains avec des médias superficiels et saturant de stimulations.

Deux voies d’amélioration des médias

Pour aider à choisir les candidats, les médias peuvent s’améliorer dans deux directions:

  • Aider à l’organisation de la réflexion collective :

Le fonctionnement de la réflexion collective actuelle est le suivant : des journalistes et commentateurs donnent leurs opinions, les citoyens discutent un peu entre eux et réfléchissent un peu sur le sujet. Le temps de réflexion personnelle (sans tenir communication ou prise d’information) est infime par rapport au temps d’écoute. Il ne peut donc représenter qu’un poids très faible face au flux régulier d’opinions diffusées. Les médias pourrait apporter des questions et faire participer à la réflexion collective, mais à la place ils apportent des réponses d’autorités (les fameux “experts”).

Les médias pourraient donc grandement aider à la réflexion collective en laissant une grande place aux questions et aux enquêtes dans une forme participative et riche.

  • Offrir une meilleure vision sur les candidats :

Si un mathématicien devait en évaluer un autre il pourrait utiliser divers critères comme lire les théorèmes qu’il a démontrés ou encore discuter avec lui.
Un évaluateur ignorant les mathématiques pourrait facilement utiliser de mauvais critères (par exemple exercices de calcul mental). Pour éviter de se tromper sur les critères le non-mathématicien pourrait simplement vérifier si le travail qu’il a fourni est réutilisé par les autres mathématiciens.
Nous voyons donc que plus l’évaluateur a une vision pertinente et profonde et plus les critères d’évaluation peuvent être détachés des conditions réelles. Il est donc important de fournir des critères d’évaluation adaptés aux évaluateurs.

Le système d’évaluation actuel repose sur des déclarations et des joutes. Pour produire une évaluation efficace le citoyen devrait donc avoir construit ses propres représentations en matière sociale, économique, écologique etc. En pratique les citoyens n’ont pas le temps de devenir des experts dans de multiples domaines et utilisent donc les représentations déjà fournies (et donc fortement influencés par l’enseignement et les médias).

Comment aider à l’organisation de la réflexion collective ?

Voici ici quelques idées sorties de mon imagination :

Ouvrir les questions

Les spectateurs pourraient utiliser internet pour proposer et voter pour les questions à traiter en priorité. Ils s’agirait de questions ouvertes, par exemple “Interdire l’immigration est-il économiquement rentable ?” ou encore “Comment réduire le chômage ?” .

Ouvrir les réponses

À partir des questions à traiter, n’importe quel citoyen ou groupe de citoyens à but non lucratif pourrait proposer une vidéo réponse. Internet serait utilisé pour sélectionner (par vote) les meilleures réponses qui seraient diffusées à la télévision.

“Mon émission”

Un système sur internet permettrait à tout à chacun de décrire une émission télévisée. Par vote les spectateurs choisiraient l’émission préférée. La télévision devrait alors donner les moyens à la personne ayant proposé cette émission pour la réaliser et devrait la diffuser.

“La bonne décision”

Des universitaires n’étant pas liés à des intérêts économiques et toujours différents (actuellement la télévision invite toujours les mêmes, et s’ils sont présentés par leurs titres universitaires ils ont souvent d’autres postes influençant leurs opinions, voir “Les nouveaux chiens de garde”) proposeraient des situations à résoudre à des candidats. Après un temps de réflexion chacun devrait proposer une solution. Les universitaires devraient alors expliquer celle qui marcherait et celles qui ne marcheraient pas, après un temps de débat tout le monde voterait publiquement (y compris les candidats) pour élire la meilleure décision. Les candidats auraient des points si leur solution est choisie mais aussi un peu s’ils ont choisi la solution élue (pour pousser à ne pas juste voter pour soi).

Comment offrir une meilleure vision sur les candidats

Ici aussi quelques idées sorties de mon imagination :

Les candidats en participants spéciaux des émissions de réflexion collective

Pour toutes les émission de réflexion collectives (comme celles décrites ci-dessus) les candidats auraient leurs propres émissions en tant que participant.

Les candidats en télé-réalité

Les décisions politiques sont complexes car elles influencent un système composé lui-même d’un ensemble de systèmes complexes (écologie, société, économie etc). Il est facile de justifier les décisions par quelques arguments, mais la réalité rattrape bien souvent les visions trop simples.

Des associations ou entreprises ayant des problèmes pourraient faire appel à un candidat qui serait suivi par une caméra. Pendant une période fixée (entre une semaine et un mois) il pourrait avoir une influence sur la structure pour résoudre le problème. On pourrait imaginer la tâche insurmontable car nous sommes habitués à des candidats peu performants. Mais si on lit par exemple “Liberté & Cie” (auteurs Isaac Getz et Brian M. Carneyr) on voit qu’il existe des personnes capables de résoudre des problèmes complexes là où d’autres échouent, n’est-ce pas ces personnes qui  devraient être au pouvoir ?

Où est passée la démocratie ?

La société est vivante, et comme l’esprit, elle se perd si on ne l’entretient pas. Certains changements peuvent se faire par le pouvoir, mais quand il s’agit de réorganiser les pouvoirs il ne faut rien attendre d’eux si ce n’est quelques améliorations de leurs conditions de vie.

Le pouvoir de l’influence est énorme, et sans la démocratiser les libertés se délitent. François Guizot, politicien du début de la république, a très bien compris la force de ce pouvoir et comment le contrôler (cherchez “gouvernement des esprits” dans ses mémoires), il est temps de sortir de ce système. S’il est méconnu, ce n’est pas par manque d’importance, mais parce qu’il a eu une importance réelle sur des rouages bien peu nobles.

Comment faire ?

On pourrait s’épuiser à demander de tels changements, au mieux on n’obtiendrait que des versions déformées servant à plomber l’envolée démocratique.

La télévision a un rôle central car elle sert à la cohésion sociale. Notre société fonctionne à base d’autorités (l’autorité des professeurs, des patrons, des politiques, des scientifiques etc). Les médias n’échappent pas à cette organisation et occupent la place d’autorité  informationnelle et culturelle.

Un pas en avant serait de créer une forme proche de cette autorité de l’information, mais basée sur la participation démocratique. Il pourrait s’agir d’un fonctionnement par internet mais avec la même prétention qu’une chaîne de télévision : être une autorité d’influence.

Il ne s’agirait pas d’ un média satellite mais de prétendre au trône! Les armes sont ici celles d’influence. Dire des vérités ou laisser la parole est une influence, il n’est pas nécessaire d’être immoral pour gagner cette guerre. Les médias classiques, par leur soucie du contrôle, son obligés de se répéter inlassablement pour ne pas risquer d’émanciper : émissions différées, toujours les mêmes présentateurs, “experts”, idées, émissions etc. En 40 ans de télévision il n’y a guère eu que “Droit de réponse” comme émission un peu libre (en direct et débats réellement ouverts sur la société), la reprise de la chaîne par Bouygues y a mis fin. En créant un média ouvert on apporte une grande richesse.

Youtube, les médias et la cohérence

Youtube est une vaste bibliothèque ouverte de vidéo, une télévision du pouvoir économique ou politique impose un contenu correspondant à la vision de ce pouvoir, une télévision participative impose un contenu correspondant à son système participatif et aux spectateurs.

Notre société a besoin de cohérence pour prendre des décisions et aller dans le même sens. Le niveau zéro de la cohérence est un système purement autoritaire, le niveau un est un système autoritaire avec élection des autorités politiques et législatives, mais toujours purement autoritaire pour l’économie (sauf les entreprises libérées) et les médias. Passons au niveau deux : on remplace l’autorité d’influence culturelle et informationnelle par des médias participatifs.

Comment garder une cohérence tout en étant participatif ?

Si le média participatif aboutit à un patchwork d’opinions et de styles on a alors un reflet de la société, ce que propose déjà Youtube. Il n’y a d’intérêt dans un tel média que s’il favorise la mise en cohérence des différentes opinions. Ainsi on passe d’une société où la cohérence des idées provient de l’influence d’autorités (médias, enseignement etc) à une société où la cohérence provient d’une réflexion collective.

Cela peut sembler difficile à atteindre car notre culture est élitiste, mais il s’agit justement d’aller vers un système social où le plaisir de l’aventure, de la recherche de vérité et de la participation est mis en avant plutôt que celui de la fuite dans les loisirs et le tittytainment.

Le double langage de l’éducation nationale

Nous passons une grande partie de notre enfance à l’école. Nous avons appris que l’école nous permet de nous instruire, ce qui ouvre notre esprit et nous permet d’acquérir des compétences pour travailler plus tard.

Regardons les affirmations suivantes:

D’autre part, les gouvernements qui ont mis en place des systèmes, généralement publics, d’enseignement universel, les ont plutôt conçus comme des moyens de contrôle d’une population dont l’insuffisance de l’instruction et le manque d’adhésion aux idéologies d’Etat risquaient à terme d’affaiblir le pouvoir des classes dirigeantes.

ainsi que celle-ci:

Mais si, pour le progrès comme pour le bon ordre dans la société, un
certain gouvernement des esprits est toujours nécessaire, les conditions
et les moyens de ce gouvernement ne sont pas toujours ni partout les
mêmes; de notre temps, ils ont grandement changé.
L’Église avait seule jadis le gouvernement des esprits. Elle possédait à la
fois l’autorité morale et la suprématie intellectuelle. Elle était chargée de
nourrir les intelligences comme de régler les âmes, et la science était son
domaine presque aussi exclusivement que la foi.

Mais précisément parce qu’elles sont maintenant plus laïques, plus
puissantes et plus libres que jadis, l’intelligence et la science ne
sauraient rester en dehors du gouvernement de la société. Qui dit
gouvernement ne dit pas nécessairement autorité positive et directe:
«l’influence n’est pas le gouvernement,» disait Washington, et dans
l’ordre politique il avait raison; l’influence n’y saurait suffire; il y faut
l’action directe et promptement efficace. Il en est autrement dans l’ordre
intellectuel; quand il s’agit des esprits, c’est surtout par l’influence que le
gouvernement doit s’exercer. Deux faits, à mon sens, sont ici nécessaires:
l’un, que les forces vouées aux travaux intellectuels, les supériorités
lettrées et savantes soient attirées vers le gouvernement, librement
groupées autour de lui et amenées à vivre avec lui en rapport naturel et
habituel; l’autre, que le gouvernement ne reste pas étranger au
développement moral des générations successives, et qu’à mesure
qu’elles paraissent sur la scène il puisse établir des liens intimes entre
elles et l’État au sein duquel Dieu les fait naître. De grands
établissements scientifiques et de grands établissements d’instruction
publique soutenus par les grands pouvoirs publics, c’est la part légitime
et nécessaire du gouvernement civil dans l’ordre intellectuel.

On pourrait croire ces deux textes écrits par des sortes de rebelles car les deux voient dans l’école une fonction importante de L’État de “gouverner les esprits”. En fait la première citation est tirée de “Les effets de l’éducation” qui est un rapport de recherche sur l’éducation commandé par l’éducation nationale (qui a créé le Piref à cet effet, puis l’a détruit). La seconde citation est tirée des mémoires de François Guizot qui est le politique qui a mis en place l’éducation nationale de la république (lire le livre “Comment l’École devint une affaire d’État” de Christian Nique).

Quel est cette idéologie que l’État nous inculque et comment s’y prend-il pour que nous n’ayons pas conscience de ce gouvernement des esprits ? Pour mieux le voir nous allons comparer les écoles classiques à d’autres formes d’instructions:

Dans les formes d’instructions décrites ci-dessus nous pouvons constater que l’enfant n’est plus un simple sujet devant obéir à un professeur, il devient actif, il interagit avec les autres, il est responsable de projets. Beaucoup d’enfants souffrent à l’école du fait de cette obligation à la passivité: écouter et écouter encore. Un adolescent m’a dit un jour “Encore heureux qu’il y a bientôt les vacances je suis fatigué”, je lui répond qu’il est souvent assis sur une chaise et que ce n’est pas fatiguant l’école, il me répond “Mais je passe mon temps à devoir rester assis et à  écouter, c’est fatiguant.”. Avec la pédagogie traditionnelle les professeurs s’usent à forcer les élèves à écouter et les élèves s’usent à rester passivement à écouter. En discutant avec une inspectrice de l’éducation nationale (les personnes qui contrôlent et notent les professeurs), celle-ci a finit par dire que beaucoup de connaissances sont oubliées par les élèves mais que ce qui est important est l’apprentissage du travail lui-même. On rejoint bien là la gouvernance des esprits: apprendre à être passif et à obéir, savoir que l’on oubliera beaucoup de ces connaissances, mais obéir quand même simplement parce que l’autorité nous le demande.

Cet apprentissage (ou plutôt dressage) est nécessaire car l’enfant au naturel est curieux, inventif,  cherche à créer des projets, veut découvrir son entourage et interagir avec lui. Un enfant continuant à garder ces qualités devient plus tard une personne capable de s’impliquer en profondeur dans la société ou dans une entreprise, voir ses travers et agir pour les changer. Ces qualités sont bonnes pour la société, mais mauvaises pour la classe dominante.