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Les listes de discussion

Une liste du point de vue humain

Remarque: l’article ci-dessous montre surtout des problèmes et remèdes, un côté plus positif se trouve ici: http://www.cdumonteilkremer.com/article-le-paradis-sur-terre-59990831.html.

Imaginons nous dans une discussion d’une dizaine de personnes assises en rond. Au départ tout va bien. Maintenant mettons à tous un masque neutre au visage. On commence à se sentir moins bien, nous n’avons plus toute la communication si riche des expressions du visage: comment savoir si l’autre prend bien ce que l’on dit, si la personne est étonnée ou inquiète ? Puis mettons les personnes derrière des paravents, on ne voit plus le corps de l’autre, ils existent moins, la connection avec les autres devient un peu plus virtuel. Faisons passer les voix par un ordinateur pour enlever toute intonation, la gêne augmente, était-ce une phrase ironique ou exprimant de la joie par une petite blague ? Il ne reste plus qu’à remplacer le son par un clavier/écran et on a une liste de discussion.

Un langage pour le corps

Notre apprentissage de la communication s’est fait par oral et tout y était: la vue, le toucher, le son. Notre langage n’est pas un langage écrit, c’est un langage d’humain subtil et utilisant le contexte: quelle différence entre un “ho ça va” nonchalant et un “ho ça va” énervé ? : l’intonation, quelle différence entre “tu veux que je t’aide ?” amical et de reproche ? l’intonation. Quelle différence entre un comportement sincère et menteur ? la manière de regarder l’autre dans les yeux, un ton un peu forcé ou naturel, une position du corps à l’aise ou contrainte.

De l’incertitude au problème

Que se passe-t-il quand toute cette communication non écrite est absente ? L’incertitude se place un peu partout. L’humain, comme la nature, a horreur du vide, et il compense l’incertitude par son imagination. Pour peu que l’on redoute des situations cauchemardesques du passé (moquerie, exclusion, domination etc) et nous voilà parti dans une vision de l’autre qui nous pousse à modifier notre communication dans une attitude de défense et d’attaques. Sur ce terrain dangereux on peut souvent voir l’étincelle se transformer en flammes puis en brasier.

L’effet automobiliste

Si on s’adresse à quelqu’un de très sensible on pourra dire “là tu m’as un peu gêné” et pour exprimer la même chose dire “Tu m’as fait chié” à quelqu’un jugé insensible, dans les deux cas on aura obtenu le même effet désiré en s’adaptant aux moyens disponibles.

Un automobiliste a besoin d’exprimer son mécontentement au malotru, mais il sait que l’autre est protégé, alors il compense en parlant fort avec un langage fort.

Derrière nos écran, si nous souffrons d’une situation, il est difficile de s’imaginer l’émotion de l’autre et on peut avoir l’impression qu’il est insensible et alors passer à la communication de type “t’es chiant”. Inconsciemment nous cherchons à produire un certain effet et le voir, mais comme l’interlocuteur est protégé nous allons augmenter la dose en espérant passer la barrière.

Réaliser ses besoins refoulés

Imaginez que vous ayez souffert des années de la domination d’un oppresseur trop fort pour vous, pendant des années vous avez rêvez de lui dire ses quatre vérités, voir de le tabasser. Et là, au bout de votre connection se trouve un clone de cette personne. Alors vous n’y tenez plus et réalisez enfin vos fantasmes. Il faut bien reconnaître que vous n’êtes pas sur que les deux modèles étaient identiques, mais ce désir était impérieux.

Idées d’améliorations

Se rencontrer

En se connaissant mieux on évite plus les quiproquos sur la liste, on crée des liens affectifs qui évite l’effet automobiliste.

La modération de la liste

Quand dans un petit groupe de personnes vient un nouveau qui a un comportement agressif alors des membres du groupe réagiront pour faire stopper les agressions (par médiation ou menaces ou autre). Les personnes qui réagissent le font souvent comme une tâche pénible mais nécessaire. Quand le groupe est plus gros, il est soumis à l’effet spectateur (cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_du_temoin) qui pousse les personnes à se dé-responsabiliser, c’est pourquoi il peut être utile de mettre en place une équipe de modération.

Mais la modération rend les individus soumis à un pouvoir (sensé représenter la volonté du groupe), et pour que cela ne pose pas de problème il faut que la volonté du groupe soit nette et simple à interpréter.

Si le sujet de la liste de discussion est “échange de recettes de cuisine” alors une modération ne devrait pas poser de problème car il est facile de déterminer si une contribution est hors sujet ou trop agressive, car le sujet est simple et le niveau d’agressivité est habituellement proche de zéro.

Si le sujet de la liste est plus polémique, par exemple une liste d’un groupe politique, alors une modération poserait probablement des problèmes. Un tel groupe est sensible (au moins pour lui-même) aux prises de pouvoir et à la liberté d’expression. De plus les personnes se trouvent impliquées dans des situations fortement émotionnelles. Il devient alors très difficile de séparer un message gênant mais juste d’une agression injustifiée.

Trouver des équivalents aux messages manquant

Pour des raisons techniques il est très difficile de faire évoluer les fonctionnalités des listes de discussion. Mais il existe des presque équivalents plus souples où l’innovation a sa place, ce sont les forums web. Certains logiciels de forum peuvent/pourraient permettre d’ajouter des messages par la bande, comme le sont les messages corporels et d’intonations:

  • Pour indiquer le ton global du message l’auteur fourni un émoticon (petite image d’un visage représentant une émotion) en plus du sujet.
  • L’auteur peut placer des émoticons à l’intérieur du message.
  • Les lecteurs peuvent donner des informations sur ce qu’ils ressentent du messages, un système de sondage sur des émoticons pourrait indiquer combien de personnes ont une réaction joyeuse, d’approbation, triste, mécontente, perplexe, interrogative etc. Actuellement je sais qu’il existe des forums où l’on peut juste voter pour “bien/pas bien”. On peut imaginer par exemple une ligne d’émoticons en dessous du sujet, chacun ayant un petit signe + à ses côté et en dessous le nombre de votes. Les émoticons pourraient aussi être un peu plus gros quand ils reçoivent beaucoup de votes.

Du guerrier au cultivateur

Dans ce texte je regarde en quoi notre culture est encore très guerrière et en quoi elle est en train de passer à un mode plus cultivateur. Pour cela je dresse les portraits de deux profils extrêmes: le guerrier et le cultivateur.

Il est difficile de voir la poutre que l’on a dans l’oeil, ainsi on voit nos enfants jouer avec des armes factices, regarder des films de batailles, et souvent on n’en conclue pas que c’est simplement parce que notre culture est guerrière et qu’ils apprennent par là à s’y adapter.

Le cultivateur

Le cultivateur considère qu’il a un certain territoire pratiquement immuable et fait avec. Quand le cultivateur a un problème il réfléchit à le solutionner avec les moyens du bord. Il est attaché sentimentalement à son territoire et quand quelque chose est abîmé il est embêté. Il a besoin de collaborer avec ce qui l’entoure, par exemple il a besoin d’un chat pour chasser les souris, de partager des outils avec ses voisins etc. Quand quelque chose ne va pas, il ne cherche pas à le détruire car alors cela lui nuirait, mais il cherche à réparer.

Le guerrier

Le guerrier considère le territoire comme infini, il détruit ce qui ne lui convient pas et cherche à prendre par la force ce qui lui convient. Il ne cherche pas à comprendre son entourage mais à le dominer, sa petite compréhension se limite aux techniques de guerre. Il a un grand sens de la hiérarchie car il fonctionne dans un système de domination.

Why ?

Pourquoi la guerre ? Pourquoi l’élimination (physique, professionnelle etc) des personnes ? Nous pouvons constater des violences dans le monde animal similaires à nos guerres, par exemple les loups se font la guerre du territoire entre meutes. Mais actuellement nous souffrons beaucoup de l’existence de ces violences dans notre société. En plus de cette violence, nous sentons aussi une grande injustice dans tout cela. Je pense que ce sentiment d’injustice vient beaucoup du fait que nous sentons qu’il est possible de vivre autrement, et que cette autre manière de vivre nous soulagerait énormément, tellement énormément qu’il n’y a pas de mot pour le dire.

La vie comprend en elle-même l’idée de sélection, d’essai, de retour arrière dans les essais. On retrouve ce mécanisme dans la sélection naturelle, mais aussi dans la manière de fonctionner de notre esprit. Les idées, comme les chromosomes, sont les briques d’un système vivant. Ainsi quand nous pensons nous explorons des voies et nous sélectionnons les bonnes idées et éliminons les mauvaises. Cela ne nous parait pas injuste d’éliminer les mauvaises idées, et pourtant c’est une sorte de meurtre d’idée. Mais alors pourquoi l’élimination d’un humain nous parait plus injuste ? C’est parce qu’un humain n’est pas totalement mauvais, il représente beaucoup de valeurs positives et l’éliminer est un gâchis épouvantable, tellement épouvantable qu’il est à parier que celui qui commet ce meurtre est pire que l’humain éliminé.

La conclusion de ce “why ?” est que le principe d’élimination est utile, mais nous pouvons le mettre à une place (surtout au niveau des idées) où il serait énormément moins destructeur.

Le guerrier moderne

Le guerrier moderne vie dans une grande société, seuls certains ont la tâche de la violence physique (police, armée etc), les autres utilisent des moyens plus indirectes. Mais le fondement reste la violence physique.

Ainsi beaucoup d’enfants subissent la menace de leur parents d’être emmené par la police pour aller en prison. Souvent les parents déguisent ces menaces en blagues pour ne pas paraître maltraitant, mais en pratique ils font toujours attention pour que l’enfant en ait réellement peur. Cette menace n’a plus d’appuis réel que depuis peu:

Le Code Civil de 1804/article 376: “Si l’enfant est âgé de moins de seize ans commencés, le père pourra le faire détenir pendant un temps qui ne pourra excéder un mois ; et, à cet effet, le président du tribunal d’arrondissement devra, sur sa demande, délivrer l’ordre d’arrestation.”. Ce droit du père est tombé en désuétude seulement en 1970, voir par exemple wikipédia sur l’autorité parentale.

Le guerrier moderne conçoit les autres comme des concurrents, il doit réussir à faire sa place en se battant, par exemple en abaissant les autres pour mieux se hisser. Ainsi il va avoir une activité sociale consistant beaucoup en batailles: dénigrer les autres, chercher à se montrer le plus fort possible, monter dans la hiérarchie. Il va concevoir ses souffrances comme causées par des choses à éliminer (personnes, comportements etc) et non comme un mécanisme à comprendre pour trouver la cause de la souffrance et agir avec un minimum de destruction.

Par exemple si une personne fait du bruit le guerrier moderne va vouloir se montrer fort et près à brutaliser le gêneur, pour cela il va faire une “danse de guerre” consistant à écarquiller les yeux, crier, montrer ses dents etc. Le guerrier moderne expliquera son comportement comme l’expression de sa colère, sans voir que la colère est un mécanisme de survie permettant de concentrer son énergie vers l’agressivité. Le guerrier moderne utilise beaucoup de tels mécanismes psychologiques de survie car il est lui-même dans un fonctionnement ne sortant pas de ces mécanismes: il a été élevé dans la peur ce qui le maintient dans des mécanismes très basiques. L’atmosphère de concurrence lui fait continuellement sentir la nécessité de se montrer fort et il ne pourra donc pas exprimer de désarroi, peur etc. Il ne conçoit alors même pas d’aller voir son voisin pour lui exprimer sa souffrance causée par les bruits, son voisin guerrier étant sensé être dépourvu d’attachement sentimental envers son entourage.

Le cultivateur face au guerrier

Le guerrier moderne imagine que le cultivateur veut l’éliminer, ou au moins le punir, le dénigrer, le mépriser etc. Car il ne conçoit pas un autre mode de fonctionnement, car il n’a qu’une représentation très simple de son environnement, ce qui ne lui permet que très peu d’entrevoir d’autres formes de conscience.

Quand au cultivateur, il aura beaucoup de possibilités une fois qu’il aura suffisamment compris comment fonctionne notre société, la psychologie humaine etc. Mais je crois que l’on manque sérieusement de cultivateurs modernes sur cette planète…

La fabrication de la personnalité sociale

La personnalité sociale (notre type de comportement par rapport à notre entourage) est quelque chose d’intime. On pourrait imaginer être un acteur peu touché par le rôle que l’on joue, mais quand on impose une personnalité à un bambin, il n’a alors pas le recul nécessaire pour avoir conscience qu’on lui impose un rôle et qu’il pourrait éventuellement en changer. Même par la suite il est difficile de ne pas être abîmé par un rôle imposé, d’autant plus que des activités de prise de conscience des rôles (comme le théâtre) sont marginales. \
Je pense d’ailleurs que la marginalisation des acteurs par le passé était dûe au fait qu’ils apportaient, de par leur pratique, l’idée alors inacceptable que l’on a la liberté de changer de rôle.

Nous allons d’abord voir en quoi la société a besoin de rôles, puis en quoi ce besoin de rôles descend en profondeur jusqu’à la personnalité.

Le besoin de rôles

Il existe en psycho/sociologie des expériences intéressantes sur les rôles.

Expérience 1: On prend un groupe de personnes au hasard qui doivent vivre ensemble quelques temps. Alors un rôle de chef et un rôle de bouc émissaire sont attribués automatiquement. Si on enlève le chef ou le bouc émissaire, de nouvelles personnes auront ce rôle.

Expérience 2: On ment à un professeur et on lui annonce qu’il aura une classe de bons élèves (en fait ils ne sont pas si bons). Alors le niveau de la classe montera au cours de l’année.

Ces deux expériences nous montre que notre société exerce des pressions sur des individus pour prendre des rôles. Ces pressions peuvent être positives (le professeur heureux qui valorise ses élèves) ou négatives (« toi t’es nul »).

Le besoin du rôle du chef: nous savons très mal nous organiser sans chef. Le chef s’identifie au groupe, prend les décisions rapidement, représente le groupe. Quand un groupe n’a pas de chef et qu’une décision doit être prise, alors les personnes parlent longtemps, se chamaillent etc. Au bout d’un moment une personne décide pour le groupe et parle le plus fort pour diriger les autres. Si les autres personnes acceptent ce nouveau chef alors il ne subit pas de moqueries et est suivi.

Le besoin du bouc émissaire: à l’opposé du chef, le bouc émissaire est le dernier dans la hiérarchie. Notre organisation actuelle a besoin d’un dernier pour savoir sur qui retomberont les tâches ingrates (par exemple qui exclure en cas de surnombre). Ce rôle est important en cas de stress du groupe, par exemple une nation stressée utilisera certaines communautés facilement identifiables comme bouc émissaire.

Il existe d’autres rôles plus subtils: l’intellectuel, l’artiste, le comique etc.

On pourrait imaginer ces rôles comme une sorte de travail qui ne nous touche pas. Mais notre société a besoin de stabilité et de fiabilité. Ainsi le président de la république ne doit pas faire du théâtre dans ses loisirs car alors il serait trop artiste: un artiste fuit les contraintes sociales pour mieux exprimer ses vérités intérieurs, un président doit obéir aux contraintes sociales.

Nous exerçons tout à chacun des pressions sur les personnes qui sortent de leur rôle: par exemple quand un chef a un comportement un peu farfelu nous allons alors nous moquer sous cape. Il sait alors par les bruits qui court qu’il ne doit pas aller plus loin. D’un autre côté, si un clochard a un discourt cohérent pour proposer quelque chose, il a alors peu de chance d’être écouté, simplement parce que ce n’est pas sa place de proposer quelque chose, et même si on veut dépasser nos aprioris, on est alors méfiant car comme la personne a de grands besoins insatisfaits on craint qu’il y ait anguille sous roche.

La personnalité est aussi un rôle

Nous voyons donc que prendre un rôle est quelque chose d’important pour la société, que nous sommes poussés être cohérent dans ce rôle et à le porter complètement. Les rôles ont une composante émotionnelle importante. Par exemple le professeur doit avoir le sens de la hiérarchie: il doit se comporter très différemment suivant qu’il a affaire à un élève ou à un de ses maîtres. Ainsi pour être professeur il faut pouvoir rejeter le libre arbitre de la curiosité enfantine et exercer une oppression pour contraindre l’enfant à apprendre ce que le professeur veut. Comme il n’est pas naturel d’avoir un comportement si oppressif, cela implique des contraintes forte exercées sur l’enfant futur professeur. Il devra lui aussi se voir dénigré dans ses choix d’intérêts et se voir sans cesse poussé à suivre la voie donnée par ses supérieurs (parents, profs etc).

Ainsi, bien souvent, les parents ne connaissent qu’une forme de personnalité qu’ils croient attachée à leur corps comme le nez sur le visage. N’ayant que très peu de liberté ils transmettent en spectateur leur personnalité à l’enfant et c’est à peine s’ils remarquent qu’ils utilisent exactement les mêmes formules et intonations que leur propres parents.

Par exemple on répétera souvent à un enfant d’ouvrier « tu es un bon à rien » et si l’enfant utilise des mots trop sophistiqués alors il est moqué, car alors il sort de son rôle. L’enfant comprend inconsciemment qu’il sera brimé s’il sort de son rôle. Mais que se passe t-il si un enfant d’ouvrier se met à avoir des bonnes notes ? Alors les parents pourront lui dire « c’est bien », mais alors il y aura une désidentification des parents et un rejet émotionnel qui se fera sentir inconsciemment. Par exemple le papa n’ira plus à la pêche avec l’enfant pour qu’il fasse plus de travail scolaire etc. Les parents seront mal à l’aise avec l’enfant et ne seront pas comment se comporter par rapport à un enfant qui ne leur ressemble plus, ils pourront par exemple lui faire trop de compliments, ou encore être moqueur. L’enfant sentira cette gêne et y remédiera probablement en reprenant des mauvaises notes.

Retrouver sa liberté

La personnalité sociale est profondément encrée, reprendre de sa liberté demande à la fois une prise de conscience (voir par exemple les livres d’Alice Miller) et un environnement favorable.
Nous sommes des individus très sensibles à la base et il est important de s’aménager des moments de liberté sans avoir à justifier de ce que l’on fait auprès d’autres personnes, même ses proches. Cette liberté, nous l’avons au creu de la nuit et nous faisons alors souvent des rêves aux messages libérateurs, mais il est vraiment bon d’avoir d’autres moments de liberté.

Pourquoi le “principe de précaution” ?

Quand un bambin ferme les yeux quand un objet s’approche trop près de son visage, c’est qu’il applique le principe de précaution. Alors pourquoi un comportement si naturel devrait être théorisé ? Par exemple on n’utilise pas (encore) en politique le “principe d’évitement du mal” qui dirait que si quelque chose est mauvais alors il ne faut pas le faire. Alors pourquoi a-t-on besoin d’exprimer que si quelque chose est dangereux il faut s’en méfier ?

On peut noter que l’on entend parler de ce principe face à des situations où le bon sens a faillit: par exemple: l’écologie, l’affaire du sang contaminé. Nous sommes là dans le domaine de la décision en grand groupe, et un comportement élémentaire peut devenir compliqué à gérer en groupe.

Voyons deux exemples de comportements élémentaires difficiles à gérer en groupe:

Le sacrifice de quelques uns pour le groupe:
Imaginons qu’un groupe ait besoin d’une personne qui se sacrifie pour sauver le groupe (par exemple pour explorer une zone dangereuse, ou encore pour aller combattre un danger). Tout le monde espère alors que ce soit l’autre qui se sacrifie. Face à la nécessité du sacrifice la société a utilisé des subterfuges: la religion (je meurs mais dieu me récompensera) et le rôle du héros (à moi le prestige éternel).

Le sacrifice de chacun pour le groupe:
Si on jette ses déchets n’importe où dans la rue, on a peut de chance que cela nous gêne. C’est le fait que tout le monde le fasse qui deviendrait embêtant. On a donc peut d’intérêt personnel de chercher une poubelle, mais un grand intérêt collectif que tout le monde le fasse. Pourtant, même en déplacement dans une autre ville on cherche une poubelle. On peut le faire parce que l’on aime l’endroit où l’on se trouve, mais dans notre société plutôt basé sur la contrainte, cela ne suffit pas. Nous avons en plus une morale collective qui nous pousse à punir (en sermonnant, moquant etc) les personnes qui n’utilisent pas les poubelles, on le fait simplement par reproduction de ce que l’on a vécu quand on était enfant.

Nous voyons donc qu’un comportement simple pour un individu peut devenir compliqué en groupe et nécessite des outils tels que la morale, la religion etc. La décision en groupe se fait souvent par des représentants, sensés s’occuper du pays avec le bon sens individuel. Ainsi le rôle moral du politicien inclut de prendre des précautions avec discernement, d’agir pour préserver notre planète etc. Mais les politiciens sont soumis à d’autres pressions que ce rôle moral. Par exemple si le lobby du pétrole paye bien alors on peut parier que l’industrie pétrolière sera favorisée etc.

On assiste donc à des comportements collectivement absurdes de la part de nos dirigeants, et face à cela, on édicte plus de règles tel que le “principe de précaution”. Mais ce principe a peu de poids pour un travailleur de la politique. Pas plus que pour un conducteur de poids-lourd payé au kilomètre à qui ont recommanderait de faire de longues pauses.

Si on veut éviter de rentrer dans cette folie qui consiste à théoriser des comportements primordiaux, il faudrait d’abord s’occuper de créer un environnement pour que nos politiciens soient valorisés quand ils prennent des décisions bénéfiques à long terme. Mais ce travail ne sera pas fait par des politiciens et nécessite de revoir la décision en groupe en dehors du fatras idéologique dans lequel nous sommes englués.

Les paradigmes fondamentaux

Notre cerveau est fait pour se construire une représentation du monde. Avec le langage, nous humains, pouvons communiquer cette représentation et y réfléchir mieux que les autres espèces terrestres. Nous sommes entourés de choses simples (à première vue) à se représenter comme un bâton, la pluie etc. Mais nous sommes aussi entourés de choses complexes tel que l’esprit humain, l’univers etc. Comment aborder la représentation de quelque chose de complexe ? Nous avons évoluer dans notre manière de nous représenter les choses complexes et nous avons utiliser au cours des siècles des paradigmes différents. Nous allons voir l’histoire de ces paradigmes principalement à travers notre vision de l’univers.

D’abord nous avons compris qu’il y avait quelque chose d’immatériel qui entrait en jeu dans notre univers, nous avons appelé ça “esprit”. Nous avons alors vu des esprits comme explication des phénomène inexplicables par la mécanique matérielle, non seulement dans la tête des gens, mais aussi dans la nature, l’eau, le ciel, la forêt etc.

Comme ce monde des esprits nous était étranger, nous avons chercher à nous les représenter et nous avons imaginer qu’un esprit est un peu comme une personne invisible. Nous avons donc chercher à interagir avec ces esprits comme on le fait avec des humains: nous leur avons offert des cadeaux, troc (sacrifices), nous leur avons parlé (prière, transes de sorcier) etc.

Puis nous avons senti qu’il y avait, dans une tribue, quelque chose de plus que le simple assemblage de personnes, alors nous avons attribué un esprit à la tribue. Ainsi sont nés les dieux des différents groupes.

Puis nous avons compris qu’il y avait, au delà de tous ces esprits, des principes de base qui régissaient toute chose. Ainsi est né le monothéisme. C’était les premier pas, émouvant (pour moi en tout cas) de la science, car l’idée de base de la science est qu’il existe un ensemble restreint de règles qui régit tout un système. Ainsi les physiciens parlent des “équations régissant notre univers” et les mathématiciens des “fondations mathématiques”.

Petit à petit nous avons compris que “dieu” n’est pas un esprit comme nous et nous sommes passé de la représentation de l’esprit humain à la représentation de la machine. Nous avons compris aussi que nous pouvions observer cette machine sans risquer d’être punis (ouf!). Ainsi maintenant encore nous nous représentons l’univers comme une vaste machine, régie par quelques règles. Alors est venu le temps du désenchantement: notre univers était parfois dur, parfois bon, mais voilà qu’il est froid et indifférent. Ce changement de représentation (de l’esprit humain à la machine) était fondamental, c’est pourquoi nous avons alors changé de mot pour désigner cette nouvelle représentation: la `science’ était née. L’église s’est adaptée, elle est passée d’une représentation d’un dieu seul à un dieu comme maître de la machine. Ce nouveau paradigme nous sert maintenant partout: là où nous voyions des esprits partout nous voyions maintenant des machines partout: nous nous représentons notre corps, notre esprit, notre univers comme une machine (complexe).

Nous en sommes là. On peut remarquer une chose: à chaque fois nous étions plongés dans nos croyances. Ces croyances étaient ce qui se faisait de mieux en matière de représentation de l’univers, et pour l’époque elles marchaient. Aujourd’hui nous pensons que notre représentation est vraie car la science marche, par exemple elle nous permet de concevoir des ordinateurs. Mais nous avions la même impression et le même raisonnement dans le passé: on faisait une bonne chasse grâce à dieu, et le sacrifice avait été bien utile. On pourrait penser: si on ne faisait pas de sacrifie ça marchait quand même donc “dieu” ne servait à rien. Mais c’est négliger l’aspect social et psychologique de l’humain que d’ignorer l’utilité ancienne de “dieu”: les groupes humains étaient plus efficaces quand ils avaient des pratiques religieuses, donc “dieu”, à l’époque, ça marchait et donc c’était vrai.

On pourrait penser que nous sommes enfin sortis de l’époque des croyances absurdes comme base de notre vision de l’univers. Hum, je me méfie beaucoup de l’idée “ça fait 100 fois que l’on change mais cette fois ci c’est la bonne.”. Je pense plutôt que toute vision de l’univers est partielle, et qu’il n’y a pas de base définitive. Ainsi la vision mécaniste de notre univers sera amenée elle aussi à être remise en question un jour ou l’autre, et il m’est certain que les humains du futur nous verrons comme des personnes ayant des pratiques et des idées bancales au possible.

Le droit d’avoir peur

Pourquoi l’émotion de peur est utile

La peur est une émotion qui permet de marquer un danger pour la personne. Les émotions nous permettent de prendre des décisions sensées malgré une multitude de paramètres. Sans peur nous aurions beaucoup de mal à prendre en compte une information reflétant un danger quand celle-ci serait noyée parmi beaucoup d’autres informations (ce qui est pratiquement toujours le cas).

Exemples de répressions

Un petit enfant est en haut du toboggan et dit “j’ai peur”, alors le parent dit “Mais non, faut pas avoir peur, vas-y descend” et une fois en bas dit “Bravo tu es un grand garçon.”.
Dans cet exemple on voit que le parent apprend à l’enfant à dépasser sa peur et valorise ce dépassement. Comme si la peur était une mauvaise chose, et donc comme si la peur était à éliminer. Remarquons que si le parent disait “je ne vois pas de danger”, il donnerait alors une information objective à l’enfant sans pour autant porter de jugement sur sa peur.

Un petit enfant est en haut du toboggan et dit “j’ai peur”, alors les autres enfants se moquent de lui en le montrant du doigt et en disant: “hou le bébé, il a peur le bébé”.
Les enfants s’embarrassent moins de manières et expriment directement l’essentiel de ce qu’ils ont ressentit par ailleurs, c’est pourquoi ils traduisent là ce que notre culture nous transmet: la peur est une émotion à réprimer.

Un enfant pleure et exprime sa peur d’aller à l’école. Les parents se sentent mal devant le sentiment d’abandonner leur enfant et devant son désarroi. Mais ils répriment alors leur sentiment, et aussi leur enfant en le forçant physiquement et en lui disant des phrases telles que “tu es un grand garçon maintenant”.
Ce type de phrase fait pression sur l’enfant en faisant référence à la menace d’être considéré comme un bébé (c’est à dire très bas dans l’échelle sociale). Même en voulant garder le principe de l’école il serait tout à fait possible de faire un passage très graduel dans le monde de l’école en laissant les parents y rester l’instant que l’enfant se sente en confiance. Si on ne pratique pas un tel système c’est pour garder ce rite de passage montrant à l’individu qu’il appartient en premier lieu à la société, et non à lui-même.

L’idéologie de soutient à la répression de la peur

“En dépassant sa peur on devient plus fort”. “La peur est une émotion éprouvée par les faibles”. “La peur est une émotion enfantine”. “Si on te force à vivre ce qui te fait peur alors tu auras dépassé ta peur.”

Ces phrases négligent le fait que “faire semblant” et “faire” ne sont pas les mêmes choses. On peut ne plus avoir peur quand on comprend que l’on maîtrise la situation. Réprimer son émotion de peur n’est pas la dépasser mais la cacher, cacher n’est pas détruire, la peur est là mais enfouie plus ou moins consciemment. La personne a alors toujours peur mais en plus utilise beaucoup d’énergie pour réprimer sa peur. Ainsi on se trouve adulte sans énergie apparente, devant la télé, sans savoir pourquoi on se retrouve vide. Ce n’est pas que l’on est réellement vide, mais que l’on réprime tellement d’émotions que l’on n’a plus beaucoup d’énergie pour autre chose.

La peur et la société

La peur fait parti des émotions les plus basiques, c’est un système de sécurité très puissant. La peur est aussi très communicative. Quand une personne exprime sa peur il est alors très difficile pour son entourage d’agir autrement qu’en prenant en compte la personne, même si l’entourage sait pertinemment que la peur est infondée pour cette situation.

Dans une société hiérarchique comme la nôtre, ce sont les chefs qui décident, les inférieurs doivent se conformer. Comme les émotions servent à décider, les inférieurs doivent réprimer les émotions qui ne vont pas dans le sens de leurs devoirs. Ils doivent donc utiliser leur sentiment de soumission pour réprimer leurs émotions, dont la peur. À l’inverse les chefs doivent exprimer publiquement leur émotions pour orienter le groupe. Le chef ne montrera pas sa peur (car il doit être fort et actif) mais montrera alors de l’agressivité.

Si on montre que l’on a peur alors cela implique que l’on ne maîtrise pas entièrement une situation. Si on veut paraître plus fort que l’on est alors il faut souvent cacher sa peur. Comme nous sommes dans une société où le paraître est important (et où le niveau de mensonge est élevé), il est alors normal de cacher sa peur.

Pourquoi exprimer sa peur est un droit important

Pour cacher une peur nous l’enfouissons dans les profondeurs de notre inconscient. Ce travail, cette guerre à l’intérieur de notre cerveau, a des conséquences importantes pour notre conscience car nous sommes fait pour exprimer nos émotions. En exprimant nos peurs nous pouvons nous faire aider et ne plus avoir à faire ce travail anti-naturel. Mais cela passe par une prise de conscience de la répression de la peur, de ses propres peurs, et par un changement d’organisation sociale pour passer à un système moins hiérarchique.