Problèmes (et solutions ?) sur l’exclusion

But de ce texte

Se faire exclure d’un groupe est très pénible, par exemple un parent qui menace son enfant de l’abandonner, un adulte qui se fait mettre à pied à son travail, un mari qui décide de divorcer. Nous vivons dans et par le groupe, se faire exclure est souvent une douleur très forte. Bien souvent dans les groupes on ne parle pas de l’exclusion, que ce soit par peur de réveiller le démon ou encore de tomber dans des travers pires que le mal. Mais je pense qu’il vaut mieux essayer de trouver des solutions moins pires que celles actuelles.

Déterminer le “méchant” ?

Souvent est associé à l’exclusion un système de procès où on détermine un méchant. Mais on peut avoir exclusion sans agression, par exemple si une personne ne se déplace qu’avec son chat et qu’une autre est allergique au chat. Il ne s’agit pas ici de déterminer des méchants mais de résoudre le problème d’une personne incompatible avec une ou des autres, sans juger de la cause ou de la personne à l’origine de l’incompatibilité.

Les formes courantes d’exclusion

Les critères

  • Par l’argent. Par exemple on organise une sortie dans un groupe mais il faut payer cher.
  • Par des critères physiques ou vestimentaires.
  • Par des critères comportementaux: agressivité, timidité, rebélion etc.

Les pratiques

L’exclusion peut avoir comme origine un individu isolé, un groupe entier ou encore d’autres origines:

  • Dans une organisation hiérarchique: le chef a le pouvoir d’exclusion.
  • Dans une organisation non structurée: en augmentant l’agressivité globale du groupe envers un individu: les personnes discutent dans le dos d’une personne à exclure, disent de mal d’elle, la ridiculise etc. Quand il y a un niveau suffisent de rejet alors des personnes osent être agressives envers la personne à exclure. C’est une forme de procès informel sans preuves ni jugement.
  • Par des critères pratiques: éloignement géographique d’une personne etc
  • Par l’agressivité d’une seule personne (consciemment ou non) envers une ou plusieurs personnes.
  • Par la guerre du territoire: espace sonore ou physique. Par exemple un individu qui prend la parole de force et parle fort peut exclure des personnes cherchant un partage équitable du temps de parole.

L’absence de structure n’implique pas l’absence d’exclusion

Un texte fondamentale: La tyrannie de l’absence de structure

Un groupe qui se veut sans règle aura souvent des formes d’exclusion agressives (voir ci dessus). On pourra arriver à une situation (fréquente) où un seul individu arrive (consciemment ou non) à exclure plusieurs autres (voir à arrêter le groupe) sans qu’aucune discussion n’ait lieu.

Alors que faire ?

Les blocages

La crainte pour la liberté

S’organiser en groupe c’est reprendre du pouvoir sur sa vie, mais c’est aussi modifier le groupe et prendre sa part de pouvoir sur le groupe. Chacun tient à sa liberté et quand on émet des idées de changement, on a bien souvent une résistance dûe à la défense des libertés. Ces libertés peuvent être légitimes ou non, cela peut être la liberté du chef d’organiser le groupe à sa guise, comme la liberté d’un libertaire tenant à ne pas se trouver dans une organisation encore plus hiérarchique.

Il faut donc avancer lentement en prenant soin de trouver des solutions comprises, décidées et acceptées par presque tous.

Tout le monde est gentil

Souvent quand on arrive dans un groupe on veut se montrer aimable (qui peut être aimé) et on n’a pas très envie de soulever des problèmes. Car soulever les problèmes c’est risquer de désorganiser le groupe, de se faire exclure ou mal voir. Pourtant régler les problèmes permet d’avancer plus loin. Mais nous ne sommes pas à l’aise dans cette tâche car nous sommes dans une culture autoritaire et si nous avons l’habitude de faire la guerre, nous sommes bien faibles pour arranger les choses (sans tomber dans la violence).

Idées de solutions

L’information

Comme tout système de traitement d’information (ce qui est le cas pour un groupe de personnes) il est important que l’information soit disponible. C’est pourquoi il est important qu’une personne qui part parce qu’elle se sent exclue l’exprime au groupe.

Parler des problèmes avant

Oser organiser un débat sur le sujet pour réfléchir au problème avant qu’il surgisse. Par expérience je m’aperçois que les problèmes d’exclusions sont présent dans la grande majorité des groupes. Une situation exécrable est de mélanger un procès informel contre une personne tout en discutant de règles d’exclusion.

Profiter des mini-problèmes qui annoncent les gros

Il arrive souvent que des personnes commencent un procès informel en disant du mal d’une autre personne sans fournir de preuve et sans sa présence. On peut alors en profiter pour discuter des procès informels et de l’exclusion. On peut aussi chercher à comprendre ce que souhaite la personne critiquante. Elle peut par exemple souhaiter exprimer ses émotions sans savoir le faire directement (cf Communication non violente) ou encore insuffler un mouvement d’exclusion contre une personne.

Idée (à travailler) de solution

Nous nous plaçons dans le cas d’un groupe qui se réunit régulièrement et qui se veut non hiérarchique.

  • Une personne A (ou un logiciel) sert à administrer (sans diriger) le système d’exclusion.
  • Quand il y a une rencontre (ou réunion) si B est incompatible avec C alors il en informe A (et ainsi pour toutes les personnes ayant des incompatibilités).
  • A organise des alternances pour que les personnes incompatibles puissent venir à tour de rôle dans les réunions.

Par exemple si 5 personnes sont incompatibles avec Mr D (et sans autres incompatibilités) alors Mr D viendra 1 fois sur 6 aux réunions et les 5 autres 5 fois sur 6. Remarque: Si Mr D se déclare incompatible avec les 5 autres, cela ne change rien.

Pour que cette solution fonctionne il faut aussi organiser une communication entre les personnes incompatibles, sinon on peut faire naître des suspicions (si on ne sait pas l’origine de l’exclusion) ou guerre de tranché.

Un sou est un chat

Si je prétend posséder un chat et que mon voisin prétend posséder un chat, alors ça fait deux chats.
Si j’ai 100 euros et que mon voisin a 100 euros, alors ça fait 200 euros.
Tout ceci est parfaitement logique, mais nous allons voir qu’il suffit que mon voisin soit quelqu’un de très puissant pour qu’il fasse mentir le dicton “un chat est un chat”, et le tout avec ma bénédiction s’il vous plaît.

Si mon voisin est mon égal

Maintenant imaginons que j’ai prêté mon chat à mon voisin et que l’on prétend tout deux avoir un chat. Alors là ça ne va plus. Il faut que mon voisin ne dise pas qu’il a un chat. Maintenant si je prête 100 euros à mon voisin: si je dis que j’ai 100 euros et que mon voisin le dit aussi (pour mes 100 euros), ça ne va pas non plus.

Mais au fait, c’est quoi “posséder” ? Je dis que je possède X si je peux en faire tout ce que bon me semble (dans le cadre de la lois), quand je veux. Par exemple si j’ai un billet de 100 euros je peux le détruire ou encore le donner. Mais alors, si je prête 100 euros à mon voisin je ne peux pas dire que je possède vraiment 100 euros car pour en faire ce que je veux il faut d’abord que je le récupère. Mon voisin ne devrait pas dire non plus qu’il possède 100 euros car il n’a pas toute liberté puisqu’il doit me les rendre. Donc quand on prête quelque chose, on n’est plus vraiment le possesseur, le pouvoir que l’on a sur X est comme divisé entre le prêteur et l’emprunteur: l’emprunteur en a l’usage et le prêteur a le droit de récupérer X.
Donc quand je prête 100 euros je devrais dire “j’ai prêté 100 euros” et non “j’ai 100 euros” et mon voisin devrait dire “on m’a prêté 100 euros” et non “j’ai 100 euros”.

Si mon voisin est très puissant

Maintenant si mon voisin est assez puissant pour me faire prendre des vessies pour des lanternes, alors les choses se passent différemment.

Quand je lui prête 100 euros il me fait croire que j’ai encore les 100 euros. D’ailleurs il me fait croire qu’il me les rend quand je veux. C’est vrai qu’il me les rends quasiment à chaque fois que je le veux. En plus mon voisin me rend un grand service: je lui confit une bonne partie de mon argent et quand je veux donner 150 euros à Mr Martin j’ai juste à lui donner un papier signé comme quoi je donne 150 euros à Mr Martin. Comme Mr Martin a aussi confié son argent à mon voisin très puissant, il lui suffit de lui donner mon papier et mon voisin très puissant considérera qu’il me doit 150 euros en moins et qu’il doit à Mr Martin 150 euros en plus.

Comme mon voisin très puissant rend des services, est admiré et porte beau costume, tout le monde est très content de lui confier son argent. Ainsi dans le quartier on n’utilise plus trop notre argent directement mais on se fait des papiers pour se payer entre nous.

Tout va bien alors ? Et bien, si on oublie qu’un chat est un chat, oui, mais la réalité, elle, ne l’oublie pas. Ainsi pendant que je considère que j’ai 5000 euros chez mon voisin très puissant, lui aussi considère qu’il peut utiliser cet argent, et il l’utilise pour le prêter et ainsi gagner des intérêts dessus. D’ailleurs quand Mr Y m’a donné (par un papier signé) 100 euros hier, en fait il avait emprunter 1000 euros à mon voisin très puissant et c’est grâce à mon argent qu’il a pu me “payer” les 100 euros ! En fait, avec les emprunts, mon voisin très puissant arrive à faire croire à beaucoup de monde qu’ils possèdent plein d’argents et tout ça tourne beaucoup. Sauf qu’à un moment, comme on ne sait plus trop qui possède quoi, mon voisin très puissant a fait des mauvaises affaires avec mon argent et a du mal à rembourser. Du coup tout le monde veut récupérer ses billes et on s’aperçoit qu’il n’y a pas tant d’argent que ça. Et du coup toute notre petite économie locale est désorganisée. Mais il reste encore une très belle demeure dans le quartier: celle de mon voisin très puissant.

Mon voisin très puissant s’appelle Mr Banque

Quand nous confions notre argent à la banque, nous lui prêtons notre argent, et d’ailleurs sur nos relevés il y a écrit “crédit” car la banque nous doit de l’argent. Mais alors nous ne possédons plus notre argent, nous l’avons prêter. La banque ne le possède pas et en a l’usage. Si nous confions notre argent à la banque c’est que nous avons confiance qu’elle pourra nous le rembourser. Comme elle ne peut le faire en totalité n’importe quand (vu qu’elle le prête) et que nous aimons énormément nos banque nous avons trouver une solution de folie: si la banque ne peut pas nous rembourser alors c’est l’état (c’est à dire nous, citoyens) qui le faisons pour elle. Ainsi la banque a un crédit illimité auprès de l’état. Pour éviter le trou sans fond, les banques ont des règles, mais les banques sont très puissantes et quand on est très puissant on peut influencer les lois.

Les assignats

En fait, nous utilisons une petite partie des euros que nous avons, la plus grande partie est prêté à la banque. Les “euros banque” ne sont pas comme des euros, dans le sens où la banque peut prêter cet argent tout en nous faisant croire qu’on l’a encore. Comme ces “euros banque” peuvent se multiplier au gré des prêts, nous avons un phénomène d’inflation: un peu comme si l’état produisait des euros à flot. Puis à un moment donné l’argent est tellement concentré dans certains milieux (financiers etc) que l’économie est déséquilibrée, les prévisions deviennent invalides et les banques n’arrivent plus à se faire rembourser. Alors elles disent aux états: allez-y, nous on a pompé trop d’intérêts et l’économie s’écroule, payez pour nous. L’état crée des dettes monstrueuses et on recommence. Sauf qu’à chaque fois la dette de l’état pèse de plus en plus lourd, c’est à dire que les riches deviennent toujours plus riches par la rente de la dette.

Le problème de base est que l’on confie notre responsabilité sur notre argent à la banque, mais confier une pareille responsabilité est une folie car l’argent est le sang de notre économie. Si nous faisons cela c’est que nous nous sentons un grain de sable, un consommateur, et non des personnes responsables de nos actes et de notre société. Non pas que nous soyons stupides, mais nous sommes éduqués pour courber le dos.

Retour à la réalité

Il faut appeler un chat un chat: si je prête mon argent à la banque alors ce n’est plus mon argent, j’ai juste une reconnaissance de dette de ma banque. Si la banque veut prêter 3000 de mes 5000 euros, alors elle pourrait me demander si je suis d’accord et si oui je sais que j’ai prêté 5000 euros à la banque et qu’il y a 3000 qu’elle a prêté ailleurs. Quand une banque ne peut pas rembourser ce n’est pas au citoyens (à l’état) de le faire. La banque ne devrait pas avoir le droit de jongler avec l’argent: si elle prête mon argent pour 5 ans alors pendant 5 ans je ne peut pas l’utiliser. Alors qu’actuellement les banques prêtent environ 90% de notre argent et font comme si elles pouvaient rembourser tout tout de suite.

Ha mais alors, vous me direz, ça serait triste: on ne pourrait plus avoir l’illusion d’avoir sans avoir ? Aujourd’hui nous avons de grandes entreprises qui peuvent obtenir beaucoup de capitaux grâce à l’argent que nous prêtons à nos banques. Si nous étions plus responsables de notre argent alors on le prêterait plus intelligemment et on serait plus possesseurs qu’esclaves de nos entreprises. Échanger l’illusion de richesse contre une réelle liberté n’est pas un mauvais deal. L’économie s’en porterait beaucoup mieux.

Oui mais quoi faire ?

Actuellement, on ne fait presque rien, il suffirait que chacun fasse un peu.

Par exemple on peut se renseigner sur les différentes banques et chercher une banque mutualiste, branchée réellement sur le développement durable etc. Un organisme financier branché sur le développement durable existe déjà en France. Une banque sur le même principe est en train de se créer.

Il suffit de réfléchir et discuter du fonctionnement de notre économie, pas seulement de dire “à bas les banques” mais de reprendre nos responsabilités et de réfléchir ensemble à des solutions. Actuellement nous baissons les bras car nous sommes sous l’emprise de la domination idéologique de notre culture. Si nous prenons en mains nos idées alors elle deviendrons belles…